Ca y est, c’est bientôt terminé. Enfin, Air-France nous « offre » une journée supplémentaire à Bamako : notre vol prévu ce soir est reporté à demain soir. On ne s’en plaint pas.
Ces derniers jours ont été très chargés. La semaine que j’ai passée en France pour les obsèques de ma maman n’a pas favorisé une fin de séjour relax à moins que notre propension à la procrastination y soit pour quelque chose ? Toujours est-il que ces jours ont été bien remplis.
Entre le renforcement de l’installation électrique, la construction du mur de clôture de la maison de la matrone, une dernière assemblée villageoise de bilan, la commande et la livraison de table-bancs pour l’école il nous a fallu ranger et fermer notre case d’habitation pour qu’elle supporte sans problèmes notre absence jusqu’à l’année prochaine.
Je pense écrire quelques articles sur ces différents sujets à notre retour mais je voudrais, aujourd’hui, vous conter les péripéties de la livraison des table-bancs et des sièges pour les enseignants destinés à l’école du village. Vous aviez pu constater dans un article récent la précarité des conditions de travail de certains élèves. L’association N’Tonimba Démé a donc décidé de financer la réalisation de dix table-bancs pour deux à trois élèves chacune et de trois sièges pour les enseignants.
Ces tables ont été réalisées à Bamako par un artisan de Médina Courra à un prix défiant toute concurrence. Il faut dire que les qualités de négociateur de notre ami Abdoulaye n’y sont pas étrangères.
Le transport a été réalisé par un Sotrama depuis Bamako. Abdoulaye assure le convoyage. Par précaution je pars au-devant sur la piste. Je positionne le Pajero en attente à un carrefour stratégique. Abdoulaye me tient informé de la progression : « on arrive, on passe le rail ». Souvenez-vous, la voie ferrée Bamako-Dakar qu’on traverse sur la piste à la sortie de Kati. Dans la minute qui suit : « On a un problème avec le véhicule, on est arrêté au poste de contrôle », « J’arrive ! ». Trois minutes plus tard je trouve le véhicule chargé des tables, le conducteur en fâcheuse posture face aux policiers. Il lui est reproché un refus d’obtempérer à l’injonction qui lui a été faite par lesdits policiers de s’arrêter. Résultat : carnet de bord et permis de conduire confisqués. La livraison semble compromise. Je m’approche, je me présente comme le propriétaire du chargement expliquant que celui-ci était un don pour l’école du village de N'Tonimba, etc. Les pandores acceptent de le laisser terminer sa livraison mais retiennent ses papiers. Il faudra qu’il repasse par là au retour et qu’il paye la contravention. Ouf ! la livraison aura lieu.
A l’arrivée, comptage des tables : six au lieu de dix. Téléphone, quatre ont été oubliées à Bamako. Echange de mots, discussion, finalement le Sotrama va refaire un voyage pour ramener les manquants. Oui mais, problème, le chauffeur n'a plus de permis ni de carnet de bord. Je pars en avant jusqu’au poste de contrôle. J’explique la situation aux policiers. Ils conviennent qu’on ne peut pas casser une aussi belle action (le don des tables) pour une bête histoire de non respect du code de la route. D’accord, le chauffeur s’est montré de plus impoli avec un représentant de l’ordre mais soyons magnanimes, rendons lui ses papiers. « Excusez-nous mon père pour ces tracasseries ». (Me voyant passer régulièrement devant eux ils m’ont sans doute pris pour l’un des prêtres de la mission des pères blancs). Voilà comment, trois heures plus tard l’ensemble des table-bancs trônait au centre du village sous l’arbre à palabres
